Encore une fois, mes propos et affirmations n’engagent que moi ! Il s’agit avant tout d’un témoignage qui vient de quelques années d’expérience…
Quel niveau exiger en orthographe ?
Pour rappel, (même si les instructions officielles indiquent parfois le contraire) on ne peut attendre d’un élève en fin de CM2 qu’il ne fasse aucune erreur lors d’une dictée. Si certains y parviennent, ce sont des élèves exceptionnels (dans le sens où ils ont valeur d’exception).
La plupart des apprentissages orthographiques est en cours d’acquisition à ce niveau-là de la scolarité, et les élèves ont jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire (donc, jusqu’en troisième) pour maîtriser l’ensemble des compétences permettant l’écriture sans erreur.
Partant du principe qu’on ne peut exiger d’un élève qu’il ait tout juste lors d’une dictée, on ne peut évaluer une dictée en sanctionnant toutes les erreurs. Si un élève est dans l’impossibilité d’avoir tout juste lors d’une évaluation, alors l’évaluation est mal pensée…
Je ne dis pas qu’il ne faut pas relever toutes les erreurs, j’affirme qu’il ne faut compter, indiquer, mettre en valeur que celles dont on s’attend à ce qu’elles ne soient plus commises.
Cela signifie qu’il faut accompagner l’évaluation de la dictée d’une explication à destination des élèves (et de leurs parents) pour qu’ils comprennent qu’en cours d’apprentissage, certaines erreurs sont possibles et seront indiquées (au crayon gris, par exemple) et d’autres seront évaluées et sanctionnées (en nombre de réussites, en niveau d’acquisition, en note…).
Quels critères retenir ?
Pour évaluer une dictée, on a donc besoin de catégories d’éléments à observer, de critères qui permettront d’apprécier la réussite d’un élève dans les différentes compétences mises en jeu.
Voici les différents critères que j’utilise au cours de l’année.
- Ponctuation.
- Orthographe lexicale des mots appris en classe : je regarde les mots qui ont été spécifiquement travaillés avant la dictée.
- Orthographe lexicale des mots non appris en classe : je regarde certains mots qui n’ont pas été spécialement abordés en classe, mais dont on peut attendre la maîtrise par un élève de ce niveau.
- Accord entre le sujet et le verbe : je regarde la terminaison des verbes.
- Accord dans le groupe nominal : je regarde l’accord entre le déterminant, le nom et l’adjectif. J’y inclus également l’accord de l’adjectif attribut.
- Homophones grammaticaux : je regarde les homophones souvent confondus par les élèves.
- Participe passé ou infinitif : je regarde si l’élève fait le bon choix entre les deux.
Comment évaluer une dictée ?
Avant de proposer la dictée aux élèves, je l’analyse et retiens les critères qui m’intéressent et que je vais évaluer.
Ces critères évoluent dans l’année selon deux axes :
- le choix des critères : parmi les sept listés ci-dessus, je n’en retiens généralement que trois ou quatre ;
- le nombre d’occurrences dans le texte : pour l’accord sujet-verbe par exemple, je ne regarde généralement pas tous les verbes, mais seulement cinq ou six, ceux qui m’intéressent particulièrement.
Voici un exemple :
Ce travail préparatoire me permet de remplir une grille reprenant les critères évalués, le nombre d’occurrences observées et la réussite de l’élève dans la dictée. Je fais ensuite généralement correspondre un niveau d’acquisition pour la compétence évaluée (qui peut tout aussi bien être traduit sous forme de note).
Cette grille me permet de situer les difficultés et les réussites des élèves, mais elle leur permet également de bien comprendre ce qui est attendu lors d’une dictée, et de savoir quelles sont leurs forces et leurs faiblesses.
Comment corriger une dictée ?
Concrètement, pour corriger la dictée, j’utilise une couleur différente pour chaque critère : j’entoure la partie du mot concernée quand il y a une erreur, et je mets une barre à côté du mot quand il est juste.
Je signale ensuite toutes les autres erreurs (celles qui ne font pas partie des éléments observés) en les entourant au crayon gris.